lundi 31 août 2009

Le pouvoir de la gamme pentatonique


Vidéo très intéressante. Je remercie, au passage, l'ami qui me l'a fait parvenir et qui se reconnaîtra !

Pour en savoir plus sur Bobby Mc Ferrin.

Il prétend que n'importe où dans le monde, le public réalise facilement cet exercice, ce qui tendrait à démontrer que cette gamme à cinq degrés serait la plus "naturelle". J'avoue être sceptique ; je soupçonne ce public d'être composé (assez logiquement) de mélomanes et je doute que, surtout vers la fin de l'exercice, n'importe lequel soit ainsi capable de respecter les notes qu'il indique par ses déplacements.

Mais je suis un indécrottable sceptique...

Traduction des échanges à la fin de la vidéo (merci, mon Philou !) :

Mc Ferrin : « Ce qui m'intéresse là-dedans, c’est que, où que je sois, partout, le public arrive à ça. C’est indifférent, vous voyez, la gamme pentatonique, j’ignore pourquoi. »

Un autre : « Si vous cherchez un job dans les neurosciences... » ( j’aurais quelque chose pour vous) [rires]

Un troisième, à un autre : « Juste pour formuler le problème scientifiquement : Larry, mais bon sang, qu’est-ce qui s’est passé, là ? » [rires]


jeudi 27 août 2009

La cuisine russe en danger ?

Certaines informations en provenance d’amis qui vivent en Russie ou qui y vont régulièrement sont inquiétantes : à Moscou il est devenu difficile de trouver un restaurant qui propose de la cuisine russe traditionnelle et, plus inquiétant encore, la carte y est souvent très réduite. Pour manger russe il faudra bientôt se rendre à Paris ou à Bruxelles pour y consommer, d’ailleurs, toujours les mêmes borchtch, chachliks ou pelemenis et à des prix exorbitants…

Il est certain que le communisme et ses pénuries n’a pas été favorable à la continuité de la gastronomie russe et, contrairement à la période tsariste, aucun cuisinier venu d’occident n’est venu compléter ou inventer en matière culinaure durant cette période.

Ce n’est que tout récemment, que quelques chefs français embauchés dans des hôtels moscovites s’y sont intéressés, ont fait l’effort de trouver des babouchkas qui leur ont transmis les recettes et les ont parfois réinterprétées d’une façon moderne, au grand étonnement des indigènes...
Ces nouveaux Russes tirent un peu vite un trait sur un immense patrimoine culinaire très original, se ruant sur des cuisines exotiques ou française ou italienne. Ils s’emploient tellement à copier les pays occidentaux qu’ils sont en train de perdre bêtement des savoir-faire ancestraux, et ce qui est vrai des constructions de maisons en bois l'est également de la cuisine.

Dieu sait portant si les Russes avaient un savoir-faire en la matière !

Par exemple, un véritable génie en matière de soupes, délicieuses, où ils utilisent même du kvass (boisson à base de pain de seigle fermenté) ou de la saumure à cornichons. Et ils arrivent à faire de la très bonne soupe avec du poisson de rivière !
Leurs préparations de conserves à base de marinades et saumures très variées sont intéressantes. Ils ont même des techniques pour rendre comestibles certains champignons dont la cueillette est chez nous fortement déconseillée comme la « gyromitre comestible » (Gyromitra esculenta).
D’une manière plus générale, la Russie par ses ressources agricoles, ses dimensions, ses brassages culturels ne pouvait qu’avoir une cuisine très variée. Mais il faut aussi reconnaître qu’elle demande souvent énormément de temps de préparation, beaucoup de main d’œuvre, ce qui la rend est un peu inadaptée au mode de vie moderne et urbain.

On en trouvera un descriptif assez complet sur Wikipedia. Je regrette que l’article n’ai pas mentionné le Kissiel, véritable curiosité gastronomique et physique puisqu’il s’agit d’un fluide antithixotropique, c’est à dire qui possède la propriété de voir sa viscosité augmenter quand on le soumet à des actions mécaniques comme le touiller et de revenir à une forme plus liquide lorsque l’on cesse de le faire.

Bref, Russie, ta cuisine fout le camp, il faut faire quelque chose !

A mon modeste niveau, j’ai créé la Secte des adorateurs du Kissiel dont je me suis décrété grand-maître. Déjà deux adeptes nouveaux ont réussi à produire cette délicieuse chose bizarroïde à partir de mes indications.

On recrute !

jeudi 20 août 2009

mardi 18 août 2009

Janis


On commémore ces temps-ci le quarantième anniversaire du rassemblement de Woodstock, considéré comme le point culminant du mouvement hippie aux USA.
Or il y a eu un autre festival deux ans auparavant, le premier de l'Histoire, dont on a également tiré un film « Monterey pop », bien plus intéressant sur le plan musical..
Il a été mon film-culte à moi, celui que j’ai été voir et revoir plus de dix fois au cinéma. C’est là que j’ai vu pour la première fois, à côté d'artistes déjà connus comme Otis Redding, un certain nombre de musiciens dont la renommée était encore plus ou moins confidentielle en France à cette époque : Jimmy Hendrix, Jefferson Airplane, Cannet Heat, les Byrds, Grateful Dead, les Animals, les Who… On trouvera ici la liste de tous les participants de ce festival qui a duré trois jours et où les artistes ont tous joué gratuitement (Ce qui explique en partie que ni les Stones, ni le Beatles, déjà fortement encadrés sur le plan commercial, n’y étaient).

Mais celle qui m’a vraiment scotché sur mon fauteuil, d’autant que j’en n’avais jamais entendu parler, c’est Janis Joplin dans Ball and Chain.
Contrairement aux autres qui étaient frigués à la mode hippie multicolore et extravagante, elle était en tunique–pantalon en maille claire, très classe, avec des mules à petit talon, mais sa furieuse chevelure en vrac.
Malgré son calamiteux guitariste, lorsque ce petit bout de bonne femme se mettait à rugir ho-o, wowou-wowou-wo, en frappant du pied, j’avais le cœur qui en oubliait de battre, me disant que ce n'était pas possible, qu'elle allait rendre ses tripes sur scène... ( Mama Cass, l'imposante chanteuse des Mamas and Papas que l'on voit en plan de coupe est tout aussi stupéfaite de la performance.)


Janis Joplin Monterey Pop Festival 1967 (Ball and Chain)

J’ai revu ce film une fois, plus de vingt ans après, avec mon fils déjà adolescent.
Entre temps, beaucoup de ces artistes étaient morts prématurément : Ottis Redding, Mama Cass, Keith Moon, (le batteur des Who), Jimmy Hendrix et Janis Joplin. Overdose d’héroïne pour elle.
Quand, ressuscitée à l'écran, elle a attaqué Ball and Chain et qu'elle s’est remise à éructer comme un diable, je m’ai pu retenir mes larmes dans cette salle obscure en pensant à son destin épouvantable.
Par quoi est alimentée une telle rage, une telle souffrance ? C’est un mystère. Celui de l’artiste qui, d’une certaine manière, a la chance de pouvoir en faire quelque chose de socialement utile en médiatisant ses émotions par une technique. Mais on ne dira jamais assez combien il est souvent sur une corde raide, à la limite de basculer définitivement dans son mode intérieur, celui de l’indicible et de l’enfermement suicidaire sur soi.
L’artiste a droit au respect. C’est grâce à lui que le bourgeois peut se donner des frissons à contempler l’horreur, le sublime ou la passion extrême sans prendre de risque pour lui-même. Parce que c’est l’artiste qui les prend à sa place.

vendredi 7 août 2009

Conversation à une voix autour d’Orphée et Eurydice

Le père, à sa fille de seize ans :

« Tu te trompes, ma chérie, sur le sens à donner au mythe d’Orphée et Eurydice : ce n’est pas une bouleversante histoire d’amour, mais une horrible déclinaison de celle de Prométhée, c’est-à-dire du combat que l’homme mène contre les dieux à s’approprier des pouvoirs qui leur appartiennent.
«Orphée est un humain, même pas un demi-dieu, c’est un point très important de ce mythe. Il a reçu par la naissance et obtenu, grâce à son travail, le talent de jouer de la musique. Mais pour en faire un grand musicien il avait fallu l’intervention d’Apollon, car seuls les dieux contrôlent le temps. Or la musique est une maîtrise du temps.
«Oui, Orphée l’aimait son Eurydice, ô combien il l’aimait… Contempler son visage, ses yeux surtout, cette porte vers son âme infinie… Cette ivresse d’elle qui lui dictait les sons, poussait la voix, mettait ses mains en mouvement sur les neuf cordes de sa lyre, une par muse…
«Mais tu as raison sur un point : comme il n’y eut jamais d’amour humain aussi grand, il fallut bien que les dieux, jaloux, s’en mêlent…

«Lorsqu’Eurydice meurt, piquée par le serpent, cet amour qu’Orphée lui porte est impuissant à la sortir des enfers. C’est son pouvoir musical, celui qu’il tient d’Apollon, qui le lui permettra : de son chant, il envoûtera le chien Cerbère, les terribles Euménides et parviendra jusqu’à Hadès.
«Mais lui, ce n’était pas pareil : Hadès était un dieu. La musique ne pouvait endormir un dieu…
«Pouvait-elle l’attendrir au moins ? Non, car les dieux n’ont pas de cœur. Ils jouent aux dés. Et ils peuvent rejouer, ouvrir des possibles aux destinées humaines.
«Hadès a relancé les dés pour Orphée et Eurydice…
«Mais il savait ce qu’il faisait en posant à Orphée comme condition de ne pas se retourner sur Eurydice, ni lui adresser la parole avant qu’ils soient sortis des enfers… Tu crois sans doute qu’il savait Orphée incapable de résister à la tentation ? A cause de son amour et de son désir pour elle ?
«Non, ce n’est pas tout à fait cela…
«Contrairement aux dieux qui se suffisent à eux-mêmes, les humains ont besoin du regard de l’autre, de l’être aimé pour produire, créer, se sublimer. Et comment Orphée, pour réussir à quitter les enfers, aurait-il pu rester assez inspiré et talentueux pour maintenir Cerbère à sa niche et les Euménides endormies au fond de leur grotte sans plonger ses yeux dans l’infini de ceux d’Eurydice ?
«Il le savait ce salaud d’Hadès…
«Les dieux en avaient décidé ainsi : les humains ne peuvent s’approprier leurs pouvoirs.
Prométhée en avait été puni. Mais si sa punition a été légère comparée à celle d’Orphée, c’est que la musique est un grand pouvoir divin. Bien plus grand que le feu. »

lundi 3 août 2009

"Je l'attends"





La nouvelle "Je l'attends" a été transférée sur ce blog

Il n’y a pas que moi : Berlioz et l’Allegretto de la 7e de Beethoven.


Les écrits de Berlioz sur la musique sont souvent passionnants. On trouvera sur ce site, à propos de la 7e symphonie, ce que pensait le Maître de cet "allegretto" qui continue de tant m'impressionner: