jeudi 11 mars 2010

La musique dans la tête…

La possibilité qu’ont les musiciens  d’entendre la musique rien qu’en regardant la partition ou en visualisant leur instrument, se révèle particulièrement utile dans de nombreuses circonstances ; en particulier extrêmes, lorsque l’accès aux sons est impossible.

On pense évidemment à des musiciens devenus sourds comme Beethoven.  Et ce qu’il a réussi à écrire ou même à percevoir de l’exécution de ses musiques est proprement stupéfiant, car contrairement à la cécité dont une partie des conséquences peut être atténuée par le développement d’autres sens comme l’ouïe ou le toucher, on n’imagine pas ce qui pourrait compenser la surdité : peut-on imaginer pour la musique quelque chose d’équivalent à la lecture sur les lèvres des sourds et malentendants pour la parole ? Il est probable qu’un pianiste devenu sourd arriverait  dans une certaine mesure à entendre une musique en regardant les mains d’un autre pianiste jouer sur un clavier, mais je ne sais pas si l’on a pu observer cela… D’ailleurs Beethoven a dû finir par renoncer à diriger l’exécution de ses musiques après une multiplication d’erreurs et d’expériences malheureuses. On rapporte ainsi que la première exécution de sa 7e symphonie fuit très chaotique, le Maître s’étant trouvé en avance de plusieurs mesures, plongeant l’orchestre dans une grande pagaille.
J’ai été très surpris d’apprendre également  que même les instrumentistes pouvaient répéter uniquement en lisant la partition, et pas seulement pour la mémoriser semble-t-il. Hélène Grimaud raconte ainsi comment au cours de ses voyages, en avion ou en train, elle « travaille »ses morceaux uniquement à partir de la partition…

Je me souviens aussi du cas de ce pianiste Argentin Miguel Angel Estrella à qui on avait autorisé, (cela se passait dans les années 1980), un clavier muet dans la cellule où il avait été emprisonné en Uruguay à la demande de la junte argentine. J'avais eu une discussion avec d’autres musiciens à ce propos : devait-on le considérer comme une faveur, une mesure  humanitaire vis à vis d’un pianiste virtuose, ou comme une torture psychologique supplémentaire ?
Je me rends compte aujourd’hui, que seul le pianiste lui-même pouvait répondre, et je suppose que cela dépendait de sa capacité à entendre dans sa tête les sons virtuels de son clavier muet….






Photo du clavier muet dont se servait Miguel Angel Estrella en prison.







 A signaler :  Un article très intéressant sur la surdité de Beethoven et sa musique.

1 commentaire:

  1. Je me rappelle cette histoire du piano muet de Michel Angel. Elle avait une autre dimension que musicale. Elle fut l'acte de solidarité de ses codétenus qui lui avaient confectionné et offert cet objet afin de l'aider à tenir . Un acte de résistance et de solidarité.

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